Etonnant et détonnant !

Ces demandeurs d’asiles en camisoles majeures ont la flamboyance d’une musique fière et sanguine.

Les Vendeurs ne sont plus une découverte mais leur album est une véritable révélation !

Ces forgerons des quatre vents sont des alchimistes qui transforment les métaux lourd en air qui vibre.

Des textes épidermiques de grande classe aux pigments chargés de toutes les humeurs

Les flots enflammés des fleuves de phrases folles, cristallisent les sels d’une langue à fleur de peau.

Une plume d’enclume dans un écrin musical à la souplesse de cuivre,  au toucher éclissé du bois, du très bel ouvrage !

Vendeur d'enclumes. Où pourquoi pas Vendeurs de vent. Les mots, c'est du vent, et ça pique les yeux.  La musique, c'est de l'air qui vibre ; on vend du vent ! Du vent glacial, qui pénètre les os, des bourrasques qui viennent toujours d'où on ne les attend pas, des siroccos qui réchauffent les chœurs et les corps, des tempêtes à faire valser les enclumes. Venant d'horizons aussi éloignés que la chanson française, les nouvelles musiques improvisées, le burlesque ou le rock alternatif, on peut considérer qu'il était improbable que ces vendeurs d'enclumes travaillent ensemble.

Il en a fallu du travail pour changer les métaux lourds en air qui vibre. En textes qui pénètrent les os, en musique qui vient toujours d'où on ne l'attend pas ; quand on leur demande de se définir, ils répondent tous en chœur qu'ils font de la « chanson maximaliste » et qu'ils en font des « caisses ». En partant d'un texte brut écrit par un chanteur qui avoue volontiers avoir trop écouté Brel, chacun cherche à imposer son idée, sa vision de la musique, chacun forge sa partition.

De cette base en sort une improbable musique, sublime, à la limite de la folie, au frontière du monstrueux. Ces forgeurs des quatre vents se servent de l'anecdotique Ils se démarquent du quotidianisme ambiant, proposant une musique qui sublime ce quotidien, et par l'anecdotisme tentent de boire l'océan dans une larme du voisin.

Dans leur texte, il est question de personnages ou plutôt de personnes déguisées en personnage qui disent « je » pour dire « le monde ». La chanson est courte, on y peut pas creuser bien loin mais, on peut y faire de petit trous puis laisser à l'auditeur le soin de s'y engouffrer.