« Le groupe reçoit ce prix pour la contribution du disque à la préservation du patrimoine acadien. La grande majorité des chansons sur l'album sont tirées des enregistrements recueillis par Georges Arsenault. En utilisant ces chansons de la tradition locale, typiquement acadienne, le groupe contribue à la préservation mais aussi à faire connaître la richesse de ce patrimoine, » indique Ed MacDonald, qui travaille pour la Fondation du patrimoine de l'Î.-P.-É. Il s'est dit, particulièrement impressionné par l'attitude des membres du groupe, lorsqu'ils ont su qu'ils avaient gagné ce prix. « Ils étaient à Winnipeg, où ils travaillaient très fort, et ils devaient en plus donner une performance aux ECMAs. Nous savions qu'ils seraient très fatigués et nous ne nous attendions pas à ce qu'ils viennent tous à notre banquet. Mais, ils m'ont appelé, directement de Winnipeg, pour dire qu'ils seraient présents. Nous avons beaucoup apprécié cela, » dit-il.

La candidature du groupe a été soumise par quelqu'un du public. « Un comité de sélection écoute ou lit le matériel, consulte des experts ou des gens du domaine, et prend une décision par la suite, » a expliqué M. MacDonald.

Barachois utilise du matériel traditionnel, recueilli par Georges Arsenault. Ce dernier se dit d'ailleurs très heureux de voir qu'on redonne vie à toutes ces chansons. « Barachois est le premier groupe que je connaisse qui ait décidé de façon très consciente d'utiliser le matériel traditionnel acadien, qu'il y avait là toute une richesse et qu'elle était exploitable. Ils font aussi tout un travail de recherche, de réflexion sur leur culture et leur identité. »

« J'ai beaucoup d'admiration pour eux. Ils n'ont pas choisi le chemin le plus facile. Au lieu de miser sur des chansons folkloriques déjà populaires et de les refaire un peu différemment, ils se basent sur des enregistrements authentiques de chansons acadiennes anciennes et inconnues. En effet, Barachois choisit du matériel authentiquement acadien, qui n'a jamais été enregistré par d'autres. Ils partent d'une pièce complètement neuve, complètement inédite, et avec leurs arrangements innovateurs, énergiques, arrivent à la faire aimer du public. »

Les membres du groupe sont d'ailleurs très conscients de leur identité acadienne et de la valeur et du potentiel du patrimoine musical acadien. « Avec Barachois, on fait revivre du vieux matériel, et à mesure que c'est ça qu'on fait, cela devient clair que c'est ça qu'on doit faire, » dit Hélène Bergeron. Elle explique que le groupe a fait l'exercice de trouver ce qui était typique à la musique dans la région Évangéline, afin que les chansons soient le plus authentiques possible. C'est ainsi que le groupe utilise un harmonium (orgue à pédales ou musique), le « tapage des pieds », le turlutage, etc.

Albert Arsenault a à coeur son identité acadienne, qu'il considère comme une richesse, mais aussi comme une responsabilité. « Mes influences sont toutes ici, dans la région. Je ne ferais pas ce que je fais, comme je le fais, si je n'étais pas Acadien. Je sens que j'ai une responsabilité face à ça, surtout envers les jeunes. S'ils sont pour nous considérer comme des vedettes, je veux être un bon exemple pour eux. Je mets beaucoup de fierté à améliorer ma façon de parler et à m'améliorer comme personne aussi. »

Chuck Arsenault connaît bien, lui aussi, la valeur du patrimoine. En plus d'avoir repris son patrimoine linguistique, il s'intéresse beaucoup à l'histoire. « Si je n'étais pas musicien, je serais probablement historien » dit-il. « J'aime essayer de comprendre les événements passés et voir si l'histoire se répète, encore une fois, » ajoute-t-il.

Le violon est sans doute l'instrument par excellence de l'Acadie et Louise Arsenault en a fait son instrument depuis qu'elle est enfant. Elle a un style bien à elle qui est aussi, un peu, le style des vieux Acadiens. « Pour moi c'est important de garder cela, » dit-elle.

Pour Georges Arsenault, les membres du groupe Barachois ne sont pas des puristes et n'ont pas comme objectif de présenter les chansons comme elles l'étaient il y a 400 ans ou plus. Au contraire, ils les adaptent, ajoutent des instruments, font les arrangements, les accompagnements à partir de zéro. « La plupart des enregistrements qu'ils ont choisis sont faits a capella, avec toutes les nuances rythmiques que cela peut donner, des incertitudes au niveau des mélodies. Je ne suis pas musicologue mais je pense que c'est en partie pour cette raison que leurs chansons sont si... imprévisibles, qu'il y a tant de variations dans les tempos et les mélodies. »