Une ambiance surréaliste
Inspiré par le roman noir, l'album Le verger est un recueil de douze chansons écrites à la manière de nouvelles. Bastien Lallemant creuse le sillon d'une chanson à la fois littéraire et picturale, presque figurative, où s'affirme son goût pour la fiction et les contes cruels. Après une "excursion dans l'intime" (Les Premiers Instants), et une autre dans l'érotisme (Les Érotiques), Bastien s'attaque aujourd'hui au roman noir avec Le Verger. Un fil d'Ariane qu'il suit, avec poésie et légèreté, pour composer 12 nouveaux morceaux, autant de "nouvelles", inspirées de "contes cruels". Pour exemple, Le Verger aux petits (qui ne sera pas le single de l'album) s'inspire d'un fait divers, mis en lumière par Bastien : "C'est une chanson les plus noires de l'album qui relate l'histoire d'une femme qui enterre ses enfants nouveaux-nés dans son jardin". Pour autant, Bastien évite les écueils du "sordide", sa poésie et sa musique ensoleillent la tragédie. Dans ce Verger aux petits, les "arbres sont généreux au mois d'été" et les oiseaux continuent à gazouiller. Le titre de l'album est éloquent : "Le Verger est quelque chose de positif et de lumineux, à l'image du disque. La musique est lumineuse justement pour accentuer, par contraste, le sens du texte". Dans L'empoisonneuse, ses paroles, ciselées à la Dominique A, recèlent une farandole de figures de styles, de jeux d'assonances et de dissonances ; les guitares et les rythmes campent une atmosphère singulière : tout participe à sublimer la noirceur du texte. Avec Les Premiers Instants, Bastien a très vite été salué par la critique et comparé à Georges Brassens. Une comparaison plutôt flatteuse que l'artiste paraît trouver néanmoins facile : "L'album est très acoustique, cette comparaison est due au côté "voix et guitare". Il y a aussi l'implication avec des textes longs, un certain verbiage". Les critiques le comparent aussi à Gainsbourg, tant par la qualité de ses textes que par le timbre de sa voix, qui ressemble à s'y méprendre à celui de l'homme à la tête de chou. Là encore, l'analogie avec cet artiste légendaire est louangeuse mais Bastien tente justement de s'en démarquer : "Mes racines viennent de Gainsbourg, c'est normal que cette comparaison revienne à la surface. A mes débuts, je chantais à la Gainsbourg mais aujourd'hui, je fais attention à travailler la singularité de ma voix". Pour l'anecdote, il n'empêche que Bastien a enregistré 4 morceaux pour le film de Joann Sfar, Gainsbourg, une vie héroïque : Laeticia, Le Poinçonneur des Lilas, Hôtel Particulier et la dissidente Marseillaise ; avant que l'acteur principal, Éric Elmosnino parvienne à incarner les chansons du grand manitou. La plume est belle et les accords harmonieux. Bastien affirme sa singularité, en sublimant le roman noir par une musique plus rock : une nouvelle dimension visuelle.
Ancien étudiant aux Beaux-Arts de Dijon, Bastien renoue ainsi avec ses premières amours. Le Verger sera d'ailleurs enrichi de ses propres dessins à l'encre de chine. Il souhaite que "sa musique à elle seule puisse défendre une couleur, un son, une ambiance", plus propice à "voyager au-delà des pays francophones".
Titres inclus dans cet album : 1) La plage 2) Les fougères 3) Cow boy 4) L'empoisonneuse 5) Le verger aux petits 6) Une vie de chien 7) Invisible 8) L'amour 9) Filature 10) La chambre secrète 11) Bandit 12) La tombe
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