Sulfureux et incandescent !

Musicien capital, Jef Lee Johnson joue avec une intensité rare les riffs les plus stimulants et les solos les plus flamboyants. Nourri par ses héros de jeunesses (Eric Dolphy, John Coltrane, Vanilla Fudge, Sergio Mendes ou Jimi Hendrix), il accompagne la diva Aretha Franklin et intègre le groupe de Ronald Shannon Jackson installant ainsi les frontières fragiles d'un voyage sans limites.
 
Comme l’avait fait Hendrix avant lui, Jef Lee Johnson adapte le répertoire de Dylan avec un respect scrupuleux tout en rendant ses versions totalement personnelles et intimes.
 
C'est ce blues-là, ce sens des mots-là que Jef Lee Johnson est allé fouiller, un peu comme l'avait fait avant lui Jimi Hendrix pour Like a Rolling Stone, Drifters Escape ou All Along the Watchtower. Plus entièrement même peut-être (le répertoire couvre la période 65-75). Les notes sont aussi le texte. L'actuel trio du guitariste de Philadelphie se compose de Yohannes Tona, bassiste éthiopien vivant désormais à Minneapolis et jouant aussi bien avec le légendaire Combo (où il remplace Sonny Thompson) qu'avec le géant de la musique éthiopienne Mahmoud Ahmed, et de Charlie Patierno, jeune batteur de Philadelphie qui a déjà un impressionnant parcours (batteur de Melodie Gardot et souvent associé à l'univers des Roots pour qui il a produit un titre). C'est avec ce trio superlatif que Jef Lee Johnson, avec énergie, sensibilité, puissance et délicatesse saisit le relai tendu par l'ombre du Z.
 
Jef Lee Johnson / Guitar Hero
Quelques exemples : sa participation à la bande originale du film produit par Spike Lee Drop Squad, le disque de Billy Joel River Of Dreams, les projets des chanteuses Chaka Khan, Rachelle Ferrell ou Eryka Badu, sa participation à l'actuel groupe de George Duke, un hommage à Miles Davis en compagnie de Marcus Miller. On citera aussi Will Lee, Huey Lewis, Leon Russell, David Sanborn, McCoy Tyner, Sister Sledge, Mariah Carey ou Jane Birkin parmi de nombreux autres sans bien sûr omettre sa précieuse collaboration aux projets de D'Angelo, The Roots, ou Common. Il rejoint en 2001 le projet Minneapolis de Michel Portal et est membre fondateur des groupes News from the Jungle (avec Michael Bland et Sonny Thompson) ainsi que du très récent Ursus Minor (Zugzwang, Nucular - Hope Street).
Parallèlement à cela, il enregistre Thisness sous son nom en 2005, avec son trio composé de Chico Huff à la basse et Ted Thomas jr. à la batterie, opus dans lequel nombre de musiciens sont venus prêter main-forte, on y entend même l’actrice Nathalie Richard sur deux reprises, « Le chien » de Léo Ferré, et « Sorry Angel » de Gainsbourg.
 
Nato a 30 ans
Fréquemment qualifiée de « post-moderne » ou d’ « iconoclaste », la maison des disques Nato ne s’est pas attardée sur les trop peu joueuses quêtes de définitions sans chair et a fui par les chemins buissonniers aux riches émotions le grand débat sur l’identité musicale. 1980 est l’année où les oreilles du chat ont commencé à capter les sons du monde et réunir un puzzle multiforme dont les pièces ont de grands et petits airs de jazz, de chansons, de rock, de funk, de hip hop, de mélodies du fond des âges, de musique classique, d’essais ciné-musicaux, de romance, de poésie, de jeux sonores, d’histoire humide ou d’actualité brûlante. 2010 scellera donc les trente premières années d’une maison de disques qui cite volontiers Impulse, Futura ou Owl comme grands inspirateurs premiers ou encore les enseignes à trois lettres ECM et FMP comme prédécesseurs admirables.
nato
Si la poésie de Federico Garcia Lorca (par exemple), alliée aux audaces instrumentales, scelle dès les débuts un parfum autre révélant bien des libertés (y compris avec les formes « libres »), c’est sans doute aussi et surtout cette manière de portrait, cette façon de raconter des histoires, de lier le vécu musical au vécu tout court, ce goût de la fiction avec point de vue documentaire, qui forgent les contours toujours plus souples des disques nato. En trente années, on en a entendu de belles à propos d’Erik Satie, Jean-Luc Godard, Alfred Hitchcock, Anne Marie Beretta, Sitting Bull, Sidney Bechet, Spirou, Buenaventura Durruti ou encore des voix d’Itxassou, de la Commune et autres échos des voix indiennes. Autant de petites nouvelles signées Tony Hymas, Steve Beresford, Lol Coxhill, Tony Coe, Mike Cooper, Violeta Ferrer, John Zorn, Louis Sclavis, Sam Rivers, Jacques Thollot, Barney Bush, The Lonely Bears, Jean-François Jenny-Clark, Han Bennink, Tonie Marshall, Ulrich Gumpert, accompagnés de visiteurs d’occasion comme Charlie Watts, Taj Mahal, Lee Konitz, Elvin Jones, Marianne Faithfull, Jeff Beck, Maggie Bell.


ƒƒƒ Télérama


« Et voici que le Philadelphien, qui a joué avec des gens aussi différents qu'Aretha Franklin, Leon Russell ou Jane Birkin, donne un disque hommage à Robert Zimmerman, aka Bob Dylan, en respectant à la lettre ses chansons les plus connues, avec une voix qui évoque Jimi Hendrix et une guitare qui trempe avec une admirable paresse dans le blues le plus envoûtant, puissamment animé par la rythmique (Yohannes Tona à la basse, Charlie Patierno à la batterie). C'est le pendant black du Bob Dylan chanté en blanc par Ben Sidran. (...) Ajoutons que The Zimmerman Shadow est un bel objet : les dessins de Stéphane Levallois offrent un pendant graphique à ce blues inspiré. »
Michel Contat, Télérama